Agent greffe au Ministère de l’Intérieur : oser et apprendre à ouvrir toutes les portes

Julia Baudry - agent greffe au ministère de l'intérieur - portrait de métier #5 pour Place plume

Deux questions intrigantes se dessinent à l’horizon : qu’est-ce que c’est exactement qu’un agent greffe, et comment un parcours universitaire axé sur l’Histoire de l’art peut-il conduire à la Haute Administration ? Julia nous offre aujourd’hui un récit clair et concis de son cheminement jusqu’à son poste actuel. Je lui cède la parole pour ce cinquième portrait de métier qui nous présente le métier d’agent greffe. Ces témoignages sans détours révèlent les voies concrètes à emprunter pour saisir ces opportunités professionnelles. Peut-être trouveras-tu l’inspiration dans ces récits, élargissant ainsi tes perspectives professionnelles. Je l’espère en tout cas ! Bonne lecture !

Julia Baudry - agent greffe au Ministère de l'Intérieur - Portrait de métier #5 pour Place plume

Julia Baudry est une jeune femme passionnée d’art. Elle se décrit comme particulièrement organisée et toujours positive. On dit d’elle qu’elle est obstinée, empathique et très créative. Elle connaît sur le bout des doigts le milieu de la médiation culturelle et la valorisation du patrimoine. En tant que chargée de médiation culturelle puis de chargée de projet (exposition), la communication et l’organisation sont parmi ses points forts. Elle travaille aujourd’hui au ministère de l’Intérieur et nous raconte son parcours hors du commun. 
C’est parti ! 

Quel était le métier de tes rêves avant Histoire de l’art ?

Si cette question peut sembler « bateau », elle en dit toujours un peu plus sur nos ambitions personnelles. Alors, quel était le métier de tes rêves avant de te lancer en Histoire de l’art ?

Bien avant de choisir cette filière, je souhaitais me diriger vers le métier de commissaire-priseur, je pensais que c’était le travail idéal pour moi puisque j’ai toujours aimé l’art, mais que j’étais également très attirée par les métiers du droit. Ce métier semblait réunir mon amour de l’art et celui de la rigueur juridique

Peux-tu nous résumer ton parcours universitaire et nous donner un aperçu de ta formation ?

Après mon bac L, j’ai fait une licence d’Histoire de l’art. J’ai décidé ensuite de poursuivre en master Histoire de l’art parcours médiation, car cette voie spécifique me parlait le plus. En parallèle, cette année-là, j’ai suivi des cours de droit pour me diversifier et acquérir quelques rudiments juridiques. Je me suis cependant vite rendu compte que ce master d’Histoire de l’art restait très axé sur la recherche et finalement très peu sur la médiation contrairement à ce qui m’avait été « vendu ». C’est pourquoi je me suis réorientée dans un master Médiation des arts du spectacle qui m’a permis notamment de passer de la théorie à la pratique grâce aux stages dans des institutions culturelles.

Pourquoi avoir choisi de faire de l’Histoire de l’art à l’origine ? C’était voulu ou juste transitoire ? Quel était l’avis de ton entourage ?

J’ai choisi cette filière bien avant d’y faire mon entrée, d’abord par passion pour l’art en général, mais aussi car j’avais déjà envisagé mon parcours professionnel sur du long terme. J’ai hésité à commencer par une licence de droit, toujours dans l’optique de me diriger vers le milieu du marché de l’art, mais c’est la passion qui l’a emporté puisque je n’envisageais pas de faire un master de droit. Il a donc fallu que j’explique à mes proches que ce choix par passion n’était pas pour autant dénué de raison ! Mes parents ne m’ont jamais obligé à choisir autre chose, mais mon père aurait préféré que je fasse du droit une priorité.

As-tu fait des choix stratégiques en vue d’un métier ?

Au départ, j’étais partie sur l’idée de faire commissaire-priseur. Je me disais que me fixer cet objectif très haut me permettrait peut-être d’ouvrir d’autres portes au passage. Je voulais au moins aller jusqu’à un master afin de pouvoir passer le plus de concours possible au besoin.

Histoire de l’art, c’est une formation solide tant sur l’apport de connaissances en art que sur des méthodologies applicables dans d’autres domaines.

Quelle qualité est nécessaire pour réussir en histoire de l’art :

Pour moi, la passion et la rigueur !

As-tu déjà ressenti du désespoir ou de l’incertitude à un moment de ta vie universitaire ?

J’étais totalement perdue lors de ma première année de master en histoire de l’art. Elle ne répondait pas du tout à mes attentes. Je me suis sentie méprisée par ma directrice de mémoire plutôt que d’être soutenue (d’où l’importance de bien choisir son référent. J’ai été plus souvent marquée en bien par d’excellents intervenants en Histoire de l’art…) J’ai toujours été habituée à « réussir » sans trop de difficultés, une réorientation me paraissait être un échec cuisant. En fin de compte, cela m’a au contraire été bénéfique et je ne regrette rien.

Quel est ton meilleur souvenir à la fac ?

Lors de ma troisième année de licence, j’ai pu intégrer un module appelé « galerie expérimentale ». En partenariat avec une institution culturelle, l’équipe d’étudiants encadrée par un professeur, dont je faisais partie, a pu mettre en place de manière assez autonome une exposition, et cela, de A à Z. J’en ai tiré une immense satisfaction et c’est ce qui m’a décidé à poursuivre en médiation.

Une fois diplômée, quel a été ton parcours ? Comment es-tu arrivée au ministère de l’Intérieur après une filière d’Histoire de l’art ? Est-ce que c’était long de trouver un job ? Tu as eu du choix, des opportunités insoupçonnées ?

J’ai été diplômée très récemment en 2020. Ce n’était pas la période idéale pour sortir d’études en art et médiation, mais le service culturel de mon université où j’avais effectué mon stage de fin d’étude m’a donné l’opportunité de mettre sur place une exposition dans le cadre d’un service civique entre septembre et fin décembre 2020. Cela m’a permis de chercher du travail en parallèle. Je cherchais donc, soit un travail axé culture soit un travail qui me permettrait d’acquérir d’autres compétences que celles que j’avais déjà (surtout côté administratif) pour me diversifier et me permettre d’accéder à différents concours. Le poste d’agent greffe qui est actuellement le mien répondait à cette dernière recherche.

Tu es agent greffe au Ministère de l’Intérieur, peux-tu nous décrire ton travail ? Tu aimes ce métier ? Est-il facilement accessible ?

Je suis un agent greffe au service d’assurance automobile du ministère de l’Intérieur. Ce service fonctionne plus ou moins comme un service d’assurance classique, à la différence que nous prenons en charge les véhicules de la police, de la gendarmerie, ou de la sécurité civile à l’échelle nationale. Le pôle greffe assure plusieurs tâches administratives, telles que la constitution et la création de dossiers d’accidents en vue de leur instruction par des gestionnaires dédiées. Nous gérons aussi les dépenses et les recettes dans le cadre de ces dossiers.

Nous gérons des dossiers d’accidents qui proviennent de la France entière. J’aime la polyvalence de ce poste et l’autonomie qui m’est accordée. J’apprécie particulièrement la constitution de dossiers qui requière parfois de mener une véritable enquête auprès de différents interlocuteurs pour obtenir certaines informations. Par ailleurs, j’affectionne toujours le droit, et pour le coup, ce poste me donne l’occasion de développer mon esprit d’analyse concernant certaines procédures judiciaires liées aux dossiers. J’ai trouvé ce poste facilement accessible dans la mesure, où, lors de mon entretien, mon futur employeur à surtout pris en compte mon sérieux et ma rigueur. Je ne suis pas fonctionnaire, mais ma candidature a été valorisée grâce à ma capacité d’analyse développée en Histoire de l’art.

Appareil photo, loupe et chapeau : Agent greffe au Ministère de l'Intérieur - un métier d'enquêtes - portrait de métier #5 pour Place plume
Agent greffe c’est faire preuve de ressource comme un détective !

Quels sont les enjeux de la haute fonction publique ?

Il s’agit d’abord de « représenter » un ministère, et donc d’être attentif à l’image que l’on renvoie, quand on écrit un courrier par exemple ou même un mail. Il faut aussi prendre soin de bien respecter les différents grades hiérarchiques et ne pas s’adresser de la même manière à un avocat qu’à un médecin. Nous traitons des dossiers d’accidents, parfois corporels et graves, il faut alors faire preuve de subtilité dans le traitement des informations. Nous représentons l’État et les valeurs de la République.

Quelles sont les difficultés liées à la nature de ton métier ?

Les difficultés rencontrées sont liées au fait que nous travaillons avec énormément d’interlocuteurs différents et que le temps des uns n’est pas le temps des autres. Il faut parfois faire avec la fameuse lenteur administrative et bien suivre toutes les procédures.

Quelles sont les qualités essentielles pour faire ce métier ?

La discrétion est de mise bien évidemment, et je pense qu’il faut beaucoup de sérieux en plus de savoir travailler en équipe. J’ai la chance d’avoir de super collègues dans les différents pôles de mon service et il ne faut pas avoir peur d’interagir ou de poser des questions. Il faut aussi faire preuve de patience et d’organisation.

Quelles sont les erreurs à éviter ou idées reçues que tu aimerais désamorcer à propos de ton métier ou de l’histoire de l’art :

En ce qui concerne mon poste actuel, je dirais que le ministère de l’Intérieur renvoie une image autoritaire alors que nous sommes là surtout pour accompagner. Il existe plein de métiers différents au sein des ministères qui ne sont pas réservés aux fonctionnaires et il ne faut pas hésiter à aller régulièrement voir leurs offres d’emploi.

En ce qui concerne l’Histoire de l’art, je dirais que contrairement à ce qu’une ancienne génération peut penser, c’est un diplôme estimé par les institutions, ce ne sont pas des études faciles et les professionnels le savent. C’est aussi une très solide base en ce qui concerne la méthodologie.

Quel profit correspond le mieux à ton métier et son milieu ?

Si vous aimez travailler en équipe dans un environnement rigoureux et dynamique avec une grande part d’autonomie, ce job est parfait pour vous.

Pour finir, une œuvre d’art qui a marqué ta vie ?

Sans hésiter la Tête de Méduse du Caravage ! Cette peinture, montée sur un bouclier, est d’une ingéniosité folle, ce système à lui seul raconte une histoire et plonge le spectateur au cœur du mythe de Persée et Méduse.

Caravaggio. Michelangelo Merisi da Caravaggio dit Le Caravage. 1571 1610 . Rome. Naples. Tête de Méduse. Medusa head. 1597. Florence. Galerie des Offices. Crédit : image par Jean-Louis Mazieres (CC BY-NC-SA 2.0)

Un film et un livre à conseiller pour nos historiens de l’art ?

En film, je recommanderais Big Eyes de Tim Burton qui raconte l’histoire de Margaret Keane. Pour le livre, je conseillerais La longue attente de l’ange de Melania G. Mazzucco qui nous plonge en XVIe siècle en Italie aux côtés du Tintoret.

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Un petit mot doux d’encouragement pour ceux qui hésitent à faire histoire de l’art

Vous pourrez vous épanouir dans cette voie, car elle donne l’occasion de découvrir des choses merveilleuses et très variées, ce qui permet à chacun d’y trouver son bonheur et de se trouver soi-même. Ce diplôme n’est absolument pas dévalué par vos futurs employeurs et il vous mènera exactement où vous souhaiterait être, car, à cœur vaillant, rien d’impossible !

Agent des greffes en bref :

Gestion administrative et recherche documentaire
Enquête et procédure scrupuleuses
Rédaction et démarches attentives
Conseils et expertises
Connaissances juridiques
Gestion du temps et des délais
Capacité d’organisation
Inventorier, classer et gérer les affaires
Coordination et assistance
Sens de la hiérarchie
Travail d’équipe
Diplomatie et sens de la discrétion
Rigueur, sérieux et autonomie
Esprit d’analyse et subtilité
Respect des valeurs de la République
Être polyvalent et patient

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Crédit : image de Mélanie Chagneau de melaniechagneau.wixsite.com : Tous droits réservés

Conclusion

Julia incarne la démonstration vivante qu’une carrière dans l’administration et la haute fonction publique n’est pas aussi inaccessible qu’elle peut paraître de prime abord. Son parcours passionnant souligne l’importance de rester attentif aux opportunités qui se présentent, en particulier en explorant régulièrement les offres d’emploi dans ce secteur. Les portes qu’il peut ouvrir sont nombreuses et parfois insoupçonnées. Pour ceux intéressés par les détails sur le rôle des agents de greffes, vous pouvez trouver des informations complémentaires sur le site officiel de l’État.

✏️ N’hésitez pas à partager vos propres expériences et conseils dans les commentaires. Je serai ravie de découvrir de nouvelles idées pour enrichir cette exploration.

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