Amélie Hajjaoui nous livre un très beau et long récit de son parcours vers le métier de ses rêves dans ce portrait de métier #4. Depuis toujours, sa vocation est de devenir commissaire-priseur. Je la remercie aujourd’hui pour son souci du détail et du travail bien fait qui me permettent de vous proposer deux articles inédits sur le milieu du marché de l’art (le lien est en bas de l’article).
Dans ce premier volet, Amélie détaille son cursus universitaire pour accéder au métier de commissaire-priseur. Elle nous raconte sa progression et les choix, parfois difficiles qu’elle a dû assumer. Je lui laisse la parole pour nous dire comment elle est parvenue à franchir les obstacles dans une interview pleine de dynamisme, de conseils et parfois d’émotions. Amélie est une passionnée d’art et c’est vraiment communicatif ! Vous allez voir…
Comme à l’accoutumée, j’aime débuter ces portraits par un moment FeelGood, car il s’agit avant tout d’une rencontre humaine avant de devenir une rencontre professionnelle. Amélie occupe actuellement un poste au service client du groupe Millon. Elle déborde de dynamisme et se montre très attentive aux autres, comme en témoigne son portrait. Sa communicativité est frappante, exprimant immédiatement la passion et le dévouement qu’elle investit dans chacune de ses entreprises. Toujours souriante et de bonne humeur, elle se distingue également par sa persévérance et son sens aigu de ce qu’elle souhaite accomplir, incarnant ainsi une travailleuse assidue. Je vous invite à la découvrir davantage !
Quel était le métier de tes rêves ?
✨ Le métier de mes rêves a toujours été de devenir commissaire-priseur. Cela a commencé vers l’âge de 9 ans avec toutes les visites de musées et de châteaux que je faisais avec mon grand-père. Chaque été étaient synonymes de sorties culturelles. Ma vocation est d’ailleurs peut-être née lors de ma première visite de Versailles où je lui ai demandé combien coûtaient les vases des jardins. Il n’a pas su me répondre… ou me rappela leur valeur inestimable. Du coup, je me suis demandée qui pouvait bien vendre de tels objets. Et voilà !
Peux-tu nous résumer ton parcours universitaire et nous donner un aperçu de ta formation ?
J’ai débuté mon parcours universitaire par de l’Histoire de l’art et me suis spécialisée en Art Antique jusqu’en Master 1. L’Antiquité est ma période préférée. Je pense que nous devons beaucoup de choses à l’art Grec, Oriental et Romain.
Tête de Lionne bleue en lapis lazuli. Oeuvre qui a remporté 234 000 euros lors d’une vente « So unique » (système novateur de vente aux enchères créé par Millon : une œuvre une vente) © Millon
Savoir faire des choix et suivre son instinct
Mon cursus en histoire de l’art s’est arrêté en master car la recherche ne me convenait pas. On nous montre beaucoup cette voie lorsqu’on entre à l’université, mais ce n’est pas forcément une fin en soi. Je savais que je n’étais pas faite pour cela et que ça ne m’épanouissait pas.
Bon finalement, je me suis accrochée car je savais que le Master me ferrai mûrir. Me retrouver face à moi-même et croire en mes capacités était important pour moi. Lors de ce M1, j’ai bénéficié d’un stage longue durée au sein de l’étude ROUILLAC à Tours. C’est à ce moment que j’ai confirmé ma volonté de faire du droit pour devenir commissaire-priseur. C’est absolument nécessaire d’avoir une double licence Art/Droit pour pouvoir prétendre au Concours d’entrée à l’école des commissaire-priseurs.
Décrocher une licence en Droit après une fac d’histoire de l’art
C’est en juin 2015, en effectuant des études sur des objets mis en vente pour une Garden Party que je me suis rendue compte de mon goût pour la recherche promotionnelle plutôt que la recherche scientifique. Je ne veux pas faire partie des grands noms de la recherche. Je préfère que mes travaux servent immédiatement dans le but de satisfaire des acheteurs, mettre en valeur les œuvres et rendre heureux les vendeurs. Mon expertise peut leur faire découvrir les objets d’art sous un autre angle.
Ainsi, je me suis résolue à ne pas poursuivre mon Master en Histoire de l’art. Il me fallait impérativement la double licence en Droit. J’ai donc poursuivi mon cursus universitaire à la faculté de droit de Tours. Mon seul regret est que Tours ne soit pas du tout compétitif et que les doubles licences entre Art et Droit n’existent pas… J’aurai pu gagner du temps dès la licence !
Après la tempête vient le beau temps…
Me voilà en Droit ! Honnêtement, je pensais avoir mûri en Histoire de l’art… ce fut une claque phénoménale. Le monde des juristes a été une épreuve pour moi : que ce soit pour les cours, la méthode, la charge de boulot ou même les mentalités de certaines personnes.
Finalement, j’ai découvert des amies extras en Droit, des chargées de TD géniaux qui ont cru en moi. J’ai tout donné. Ces années juridiques m’ont forgé. J’ai donc été à la fac de 2011 à 2019 : j’ai un Master en Art Antique et Art contemporain et une Licence en Droit Privée parcours Droits des contrats spéciaux et des majeurs protégés.
Pourquoi avoir choisi de faire de l’Histoire de l’art au départ ? Quel était le regard de ton entourage ?
Faire de l’Histoire de l’art a toujours été voulu. Mon envie de faire hDa s’est confirmée au Lycée où j’ai choisi une option art plastique assez lourde pour compléter mon bac L. Mon âme d’artiste était déjà présente. C’était bien voulu, et je savais que je voulais débuter mon cursus universitaire par ma passion puis faire du Droit dans un second temps.
Mon entourage retenait mon projet : être commissaire-priseur ! Ça leur faisait moins peur, car je faisais HDA dans le but de devenir quelqu’un et ils retenaient surtout que j’allais faire du Droit ! Mes parents n’ont pas eu de formation artistique lors de leurs scolarités. C’est un domaine qui ne leur parle pas, mais ils m’ont laissé choisir ma voie. Je ne pourrais jamais leur enlever la force qu’ils m’ont donnée à l’époque.
As-tu fait des choix stratégiques d’étude en vue d’un métier ?
Je réfléchis beaucoup et je réfléchis aussi aux futures conséquences de mes actes. En bref, je calcule toutes les possibilités et éventualités dans ma petite tête et après, je fonce. Donc oui, tout est une question de stratégie pour devenir commissaire-priseur.
En un mot, quelle qualité est nécessaire pour réussir en histoire de l’art :
Il faut être passionné, méthodique et rigoureux !
As-tu ressenti du désespoir ou de l’incertitude à un moment de ta vie universitaire ?
Complètement. Comme je disais plus haut, lors de mes études en HDA j’étais sur un petit nuage. Je confirmais mes choix d’avenir au travers de stage et de spécialisation, et j’avais un bel entourage de profs, amis, etc. En Droit, j’ai failli tout arrêter. Heureusement, mon projet et mon entourage m’ont appris à tenir tête et à garder foi en mon avenir.
C’était compliqué, dur et éprouvant comme beaucoup d’étudiants peuvent le ressentir. Puis on s’en rend compte, on grandit, on s’affirme et on mûrit beaucoup en peu de temps. Parfois, ça fait peur, on doute, mais la clef est d’avoir confiance en soi !
Ton meilleur souvenir à la fac ?
Mes meilleurs moments à la fac étaient les réunions à la BU avec tous mes camarades pour effectuer des recherches et bosser sur des projets. Je pouvais passer des heures pour effectuer des recherches, c’était passionnant. Personnellement, j’aime connaître plein de choses qu’elles soient utiles pour les cours ou juste pour avoir de nouvelles anecdotes sur l’histoire (anecdotes qui font rire que les historiens d’ailleurs, j’ai remarqué) !
Une œuvre d’art qui a marqué ta vie ?
Il y en a plusieurs, c’est dur de choisir… J’aime énormément la statuaire grecque, mais une œuvre d’art qui a marqué ma vie, c’est : Impression V de Wassily Kandinsky.
Lors d’une rétrospective de l’artiste à Pompidou, je suis restée devant pendant plus d’une heure et mon grand-père en avait marre de m’attendre. J’avais l’impression de voir le peintre peindre sous mes yeux en écoutant de la musique classique c’était très prenant comme œuvre (rire). J’aime beaucoup cet artiste et j’adore l’Art Moderne en règle général.
Un film et/ou un livre à conseiller pour nos historiens de l’art ?
Si on aime l’Art Antique, rien de mieux qu’un bon péplum (et j’insiste sur bon). Je recommanderais la série « Rome ». C’était assez sympa et basée sur des faits archéologiques. Malheureusement, elle s’est arrêtée pour manque de budget.
Pour un livre, je dirais les guides HAZAN. Ils sont une bonne piste pour être généraliste. Il y a aussi les FLAMMARION qui sont cool pour les débutants. C’est un bon moyen d’être touche à tout. Perso, je révise avec ça pour le concours à l’école des commissaire-priseurs
De l’histoire de l’art au droit : se faire confiance de A à Z
Pour accéder au métier d’assistante de commissaire-priseur, Amélie a suivi une licence puis un Master 1 en Histoire de l’art. Elle a ensuite décroché une Licence en Droit Privée (Parcours Droits des contrats spéciaux et des majeurs protégés). Dans tous les cas, ce métier est uniquement accessible avec un diplôme universitaire en droit ET en histoire de l’art (bac+3). Hors université, il également possible de suivre un cursus à l’École du Louvre ou en écoles privées telles que Eac, Icart, Iesa… Ces différents cursus permettent ensuite de se présenter à l’examen d’accès au métier de commissaire-priseur dont les épreuves, écrites et orales sont juridique et artistique. Pour plus d’informations, je t’invite à consulter le site des commissaire-priseurs judiciaires.
Conclusion
Nous clôturons cette première partie du portrait en soulignant l’importance de la détermination, de la persévérance, et de l’application nécessaires pour réussir dans cette voie ! Faites-vous confiance et retrouvez-nous dans le deuxième volet pour explorer les aspects professionnels de ce portrait. Pour accéder au deuxième volet, suivez ce lien :
👉 Portrait de métier #4 – Assistante de commissaire-priseur à la pratique (part. 2)
✏️ N’hésitez pas à partager vos impressions dans les commentaires. Je serai ravie de découvrir vos commentaires pour enrichir cette première exploration.
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