Lorsqu’on aborde un nouveau domaine, on est souvent tenté de croire qu’il existe une méthode infaillible, une sorte de formule magique universelle. En tant qu’étudiants, on est constamment à la recherche d’une méthode miracle, rassurante et applicable à l’infini, sans jamais vraiment la trouver. Ainsi, plusieurs questions se posent naturellement : qu’est-ce qui définit une bonne méthode en histoire de l’art ? Faut-il suivre une approche préconçue ou plutôt s’adapter en fonction des spécificités de chaque sujet ? Quelles sont les étapes « incontournables » d’une analyse réussie, et est-il possible de les réinventer avec de nouvelles approches ? Cet article explore quelques pistes pour décomplexifier cette recherche perpétuelle de la méthode parfaite.
1. L’importance de vos choix en Histoire de l’art
À votre avis, pourquoi l’analyse d’une problématique ne possède-t-elle pas de grille toute prête ? Peut-être parce qu’il existe autant de méthodes que de sujets. Et comme il y a autant de sujets que de personnes… On tourne vite en rond !
Le choix d’un sujet est personnel et subjectif.
Il peut s’agir d’un domaine peu étudié, voire délaissé, nécessitant une approche inédite. Le sujet peut s’inscrire dans le cadre d’un programme de recherche, une liste restreinte attribuée au hasard, ou émerger d’une discussion, d’un voyage, de recherches personnelles ou d’une expérience professionnelle. Dans tous les cas, la méthode sera différente.
Le corpus ou l’œuvre détermine la méthode.
Même si un « manuel de base » est à maîtriser en Licence, la question de la méthode en Histoire de l’art demeure mouvante, ancrée dans l’originalité, le personnel et l’inédit. Rarement duplicable, elle peut adopter des approches globales, historiographiques, comparatives, chronologiques, thématiques, linéaires, monographiques, etc., et parfois toutes ces dimensions simultanément, comme dans le cas d’une thèse, par exemple.
2. Comment délimiter un sujet d’étude ?
Il n’y a pas si longtemps, lors de ma thèse, je me plongeais dans l’étude de la peinture pompéienne, un sujet vaste qui avait déjà suscité de nombreuses discussions. Pour éviter de m’éparpiller et de restreindre mes orientations, j’ai commencé par délimiter soigneusement mon sujet. Une fois les contours définis, j’ai pu établir des liens entre les idées et choisir ma première méthode d’approche.
Savoir s’adapter et changer de direction !
Le maître-mot dans l’étude d’un sujet, c’est avant tout l’adaptation. Une méthode n’est pas nécessairement reproductible à 100 %, mais elle suit toujours l’évolution de vos recherches. De temps en temps, elle se modifie même en cours de route. C’est du sur-mesure !
Choisir les bons outils pour construire sa démarche.
Comme vous l’aurez compris, une méthode dépend de votre approche du sujet. Il ne s’agit pas de copier, mais de réinterpréter un sujet avec vos propres outils. Le recours à une base de données et à un catalogue bibliographique, par exemple, permet d’échantillonner les œuvres pertinentes selon des critères précis.
Il est important de souligner que traiter un sujet de manière exhaustive est souvent impossible. Certains spécialistes consacrent une vie entière à un sujet. Votre objectif est de former une synthèse représentative, ni trop large ni trop restreinte. Tout dépend de vos choix, qui entraînent des libertés et des frustrations, autant de critères qui conditionnent votre démarche.
3. Questionner, douter et prendre de la distance
Une fois que le sujet est balisé, l’étape suivante consiste à questionner chaque aspect. Osez questionner ! C’est l’essence même de votre travail, car cela vous oblige à structurer votre pensée et à mieux vous organiser. Comment fonctionne mon corpus ? Pourquoi y a-t-il des exceptions ? Faut-il aborder certaines choses en particulier ? Et pourquoi devrais-je suivre ce courant de pensée ?
Enfin, cette méthode de questionnement vous aide aussi à prendre de la distance. Occasionnellement, des idées inattendues surgissent du doute. Rien n’est complètement figé. Vous pourriez faire machine arrière ou effectuer un bond en avant… Tout est possible. Posez-vous des questions, doutez donc…
4. Retracer les origines de son sujet de recherche
Historiographie, sources et documentations
Notre sujet s’inscrit nécessairement dans une histoire des sources. Ainsi, toute nouvelle documentation peut remodeler notre méthode en faisant émerger de nouveaux enjeux. Et ce n’est pas grave ! Se confronter à la tradition historiographique de son sujet, c’est trouver sa place parmi les études antérieures et les spécialistes du domaine. C’est pour vous l’occasion de vous démarquer en apportant des informations plus récentes.
Imposer son point de vue et son vocabulaire.
Après avoir exploré les sources écrites, il est essentiel de revenir aux œuvres pour en définir les principales caractéristiques iconographiques et stylistiques. Voici quelques questions auxquelles je me suis confronté lors de ma thèse : dans quel contexte étaient-elles diffusées ? Qui pouvait les contempler ? Existe-t-il des ressemblances formelles ? Qui était le commanditaire ? L’œuvre est-elle unique ou fait-elle partie d’un ensemble ? Est-ce une production en série ?
Dans ce contexte, l’idée est de considérer l’œuvre dans sa globalité. Il s’agit de réfléchir à son utilisation, à ses thèmes, à sa postérité, à sa réception ainsi qu’aux éventuelles citations et influences. Cette approche globale laisse l’œuvre vous guider dans votre démarche. Elle permet des comparaisons et suscite des interrogations sur l’identité de votre sujet. Elle vous confère une légitimité et démontre pourquoi votre sujet est à la fois inédit et incontournable.
👉 Consultez cet article : Méthode d’écriture de l’introduction : comment savoir se positionner ?
5. Maîtriser l’art de déduire des conclusions
Une méthode efficace permet d’aboutir à des conclusions, même si cela nécessite l’utilisation de plusieurs approches. La « bonne méthode » découle de votre questionnement, de votre analyse, de votre organisation pratique, et du sens que vous souhaitez donner à vos recherches. C’est ce qui confère de la qualité à votre étude.
Développer sa méthode et créer des outils pour analyser son propre sujet.
Une bonne méthode donne du sens à votre réflexion, et réciproquement, votre réflexion conditionne votre méthode. Certaines choses se débloqueront d’elles-mêmes au fur et à mesure de vos conclusions. D’ailleurs, la fausse route n’est jamais une ennemie, elle nous permet de tester des hypothèses. Qu’en pensez-vous ?
Conclusion
En conclusion, la recherche d’une « bonne méthode » en histoire de l’art est un parcours dynamique et individuel. Elle exige une adaptation constante, une remise en question régulière, et une ouverture à la diversité des approches. L’étude d’un sujet ne se limite pas à suivre un chemin préétabli, mais plutôt à créer sa propre voie, en tirant profit des questionnements, des doutes et des ajustements. La « bonne méthode » émerge de cette interaction entre la curiosité intellectuelle, la rigueur analytique, et l’inventivité, permettant à chaque chercheur de contribuer de manière unique et originale à la compréhension et à l’enrichissement du champ de l’histoire de l’art.
✏️ N’hésitez pas à partager vos questions dans les commentaires. Je serai ravie de découvrir d’autres pistes pour enrichir cette exploration.
✨ Envie de poursuivre la lecture ? Je vous invite à lire cet article pour approfondir ce sujet : Comment rédiger une problématique réussie ?
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1 Comments
Svalan
Merci beaucoup, c’est vraiment très utile. Mon directeur et moi ne parlons pas tout à fait la même langue depuis quelques temps, j’avais vraiment du mal à comprendre ce qu’il voulait. Votre présentation me permet enfin de comprendre !