Vous souhaitez devenir maître de conférences, puis professeur des universités ? Les qualifications sont une des étapes obligatoires pour y prétendre après l’obtention d’un doctorat. Annuelles, elles se déroulent généralement de septembre à décembre de chaque année. Toutefois, l’obtention du précieux titre n’est pas forcément automatique…
Comment fonctionne le recrutement dans le supérieur ?
Les postes disponibles dans une Université française sont publiés (parfois à temps, parfois non) sur le site « Galaxie des personnels du supérieur« . Une fois par an, entre le mois de février de mai, c’est le temps des candidatures dématérialisées. Chose qui facilite aujourd’hui grandement les démarches au-delà du bouche-à-oreille et du qu’en-dira-t-on…
Votre dossier est ensuite examiné par des rapporteurs, et dans l’intervalle, vous vous préparez déjà pour les « entretiens » et autres « joyeusetés » qui vous attendent pour convaincre un jury d’une petite dizaine de personnes que vous êtes le collègue idéal.
Une vieille attentive des publications de postes et des calendriers de candidatures est impérative
Le recrutement des agents de l’enseignement supérieur suit une hiérarchie bien définie dans le temps et l’espace. Il faut être réactif pour arriver au bon moment, être toujours sur le qui-vive et monter un dossier plus que solide… Pour les professeurs d’Université, c’est à peu près pareil. Leur recrutement suit le même parcours sur concours avec auditions et classements après qualifications et HDR.
Le monde de l’enseignement supérieur est un microcosme bien organisé. Pour espérer en faire partie, le candidat doit suivre à la lettre un protocole strict de procédures, de prérequis, d’entretiens et son lot de pièces justificatives.
Candidater et réussir : si simple ?!
Le recrutement des maîtres de conférences fonctionne sur une procédure en deux étapes après la soutenance : la qualification par le CNU (Conseil National des Universités) puis le concours à un poste proposé par un établissement.
La qualification suffit pour candidater aux postes universitaires.
Pourtant, il n’est pas toujours facile de la décrocher… Il faut être bien attentif aux calendriers du CNU (actualisés chaque année) et aux délais pour rassembler vos pièces justificatives. Ensuite, elle requiert quand même un certain niveau d’exigence en terme d’enseignement et de recherche. Et cela ne suffit pas toujours…
Après l’obtention de votre doctorat, vous devez prouver vos aptitudes en matière de recherche (publications, communications, diffusion…), d’enseignement (heures minimum de cours donnés), et d’activités administratives (responsabilités, élections…) auprès du Conseil National des Universités (CNU).

👉 Doctorat ou pas doctorat : ce qu’il faut savoir de l’expérience
Le CNU : qu’est-ce que c’est ?
Le CNU encadre tout ce qui touche aux qualifications, aux recrutements et à la carrière des maîtres de conférences et des professeurs d’université. Il se prononce sur les statuts, les promotions et autres avancements de carrière…
C’est une instance nationale composée d’une bonne cinquantaine de « sections ». Chacune de ces sections comprend un nombre équivalent de professeurs et de maîtres de conférences élus ou nommés pour représenter chaque discipline. Chaque bureau est renouvelé régulièrement.
En ce qui concerne l’Histoire de l’art, il faut se reporter aux sections n°21 (histoire, civilisations, archéologie et art des mondes anciens et médiévaux) et n°22 (histoire des mondes modernes, histoire du monde contemporains ; de l’art ; de la musique). En consultant votre section sur le site du CNU, vous trouverez plein d’informations utiles concernant les candidatures, les qualifications, la composition du bureau…
Comment se déroule les qualifications ?
Respecter les échéances et le calendrier
Candidatures, postes et montées en grade sont réglementés sur le plan national. Chacune de ces procédures s’enchaîne dans une organisation contrôlée allant des qualifications pour les petits nouveaux à la titularisation en passant par les concours et les suivis de carrière pour les anciens.
Le calendrier est disponible dans l’onglet « Qualifications » sur la page d’accueil. Je vous conseille de l’intégrer à votre agenda perso avec des dates butoirs bien visibles et des rappels réguliers !

Chaque procédure se déroule sur une période de candidature plus ou moins longues d’octobre à décembre. C’est dans ce temps imparti qu’il faudra déposer votre dossier. L’inscription se fait début octobre sur le site Galaxie. Le dépôt des pièces et l’envoi du dossier cours jusqu’à la mi-décembre. Et ça passe vite !
Ensuite, les rapporteurs rédigent leurs rapports, puis la section décerne ou refuse la qualification après débat.
Connaître les critères d’évaluation
Globalement, les rapporteurs vont juger de la qualité de votre thèse et de vos publications. On notera également le nombre de celles-ci. L’expérience d’enseignement (nombre minimal d’heures d’enseignement) est aussi attentivement appréciée.
Dans ce sens, un dossier de recherche important peut contrebalancer une expérience d’enseignement moindre et vice-versa. Mais dans tous les cas, votre parcours est étudié de près ainsi que votre capacité à enseigner dans le supérieur.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à demander à un professeur ou un maître de conférences de votre université. Et si vous envisagez une thèse, parlez des qualifications avec votre directeur dès votre rendez-vous.
Anticiper les pièces justificatives
La liste des pièces justificatives est accessible sur la page d’accueil du site (cf. illustration 1). Attention ! Il faudra rassembler les pièces « générales » demandées par le CNU et les pièces « complémentaires » demandées par votre section (d’où l’importance de connaître sa section…).
Le dossier est, ceci étant dit, plutôt simple à constituer lorsqu’on est méticuleux !
En 2021, voici ce que mon dossier devait comporter :
Un diplôme de doctorat ou une attestation de réussite
Mon précieux rapport de soutenance en intégralité avec signatures du jury
Un joli CV récent et (très) détaillé
Et puis, une à trois publications de qualités, classées et normées
La section n°21 à laquelle je suis rattachée demandait également :
Un CV limité à huit pages
Ma « magnifique » thèse
Tout dossier incomplet est déclaré irrecevable… Tout retard peut entrainer un refus.
Valoriser ces compétences avant et après le doctorat
Votre dossier devra montrer cohérence et évolution ainsi qu’un degré de qualité des publications et des enseignements (secondaire ou supérieur, contenu, heures, fonction, niveau, groupes…).
Il est également attendu de mettre en avant les financements obtenus (allocation de recherche ; monitorat ; ATER ; contrat de recherche…), les heures d’enseignements et votre fonction (vacataires, attachés, ATER…), votre expérience du terrain (lieu, durée, rapports…), vos compétences en langues, vos productions (communications, posters, ateliers…)
Enfin, vos domaines de recherches seront également regardés. Présentez vos problématiques ainsi que vos compétences et les mots-clés de votre domaine de prédilection.
Aujourd’hui, la barrière de l’emploi et la rareté des postes est un fort motif de refus de qualification. Travaillez bien vos dossiers pour sortir du lot !
👉 Vivre d’une thèse en histoire de l’art : rêves vs réalité
Partagez votre expérience des qualifications ou de vos candidatures dans les commentaires ! On échange également ensemble sur les réseaux 👇 A très vite !
8 Comments
Stéphanie
Bonjour,
Tu as des statistiques sur le nombre de dossiers déposés par poste proposé ? Je sais que dans toutes les disciplines ou presque, il y a très peu d’élus mais en histoire de l’art, étant donné que les débouchés sont peu nombreux, je suppose que c’est très très tendu…
Merci et bonne journée
Stéphanie
Clémence
Merci pour ce commentaire. Tu poses une question très intéressante. Effectivement, les statistiques sur le nombre de dossiers déposés ne sont pas « officiellement » accessibles. Les Universités ne jouent pas la carte de la transparence à ce sujet et c’est bien dommage. Malgré tout, certaines sections avec le CNU poussent à une plus grande visibilité des procédures, des candidats et des jurés. L’initiative « Wiki audition » vise justement à favoriser cet accès aux recrutements universitaires. Pour l’année 2021, ce site participatif a publié un article sur Hypotheses avec le nombre de postes et de candidats auditionnés pour la section 21 (voici le lien : https://afhe.hypotheses.org/suivi-des-recrutements) et force est de constater que les places sont effectivement chères (entre 4 à 8 personnes candidates par poste) même si les propositions de postes sont au rendez-vous pour cette année. À suivre pour 2022…
Marine
Bonjour,
Est-ce que l’absence de publications peut constituer un motif de refus de qualification ? J’ai entendu dire que les publications étaient obligatoires pour postuler à un poste de mcf, mais pas pour la qualification. Qu’en est -il vraiment ?
Merci beaucoup
Clémence
Merci Marine pour ton commentaire. En effet, je pense que le nombre et surtout la qualité des publications comme des autres réalisations peut faire la différence pour un poste de mcf. C’est un passage obligé. Un candidat avec une forte implication/visibilité dans un programme de recherche ou un laboratoire aura peut-être plus de chances. A l’inverse, il est effectivement admis que les qualifications mettent davantage l’accent sur l’expérience d’enseignement. Dans tous les cas, ton C.V doit constituer un tout cohérent et bien équilibré entre enseignement et réalisations, sans négliger les projets de recherches collectifs ou internationaux… Bonne chance !
Liss
Bonjour et merci pour cet article !
En consultant le site du CNU, il apparaît en effet que les publications et l’expérience d’enseignement sont des points importants. Je me demandais si l’expression « expérience d’enseignement » sous-entend « expérience d’enseignement dans le supérieur » ou si l’enseignement dans le secondaire compte aussi.
Merci d’éclairer ma lanterne.
Clémence
Bonjour Liss et merci pour ton commentaire. Selon moi, vos expériences dans le secondaire comptent au même titre que vos expériences dans le supérieur. Vous pouvez, voire devez, l’inclure dans votre C.V académique. C’est bien évidemment un plus à valoriser !! Pour autant, pensez à bien distinguer les deux en termes de savoir-faire, de pédagogie et surtout de volume horaire dans votre C.V commenté. Bon courage !
Vigouroux-Lerbet
Attention, le recrutement des professeurs des Universités (PU) ne se fait en aucun cas par voie interne. Des extérieurs peuvent postuler pour PU et ils doivent alors subir la qualification, et si elle est supprimée pour les MCF , il y a toujours le parcours concours avec auditions et classements , ce n’est pas en interne à l’ancienneté !….Meme si le niveau de recrutement se dégrade…
Clémence
Bonjour, et merci pour votre commentaire. Il existe des procédures internes qui sont effectivement des cas particuliers. Vous trouverez sur Galaxie des notices très bien faites, notamment en ce qui concerne les cas de promotions internes, d’avancement de grade, ou de « repyramidage » des effectifs. Pour le recrutement d’un nouveau membre PU (Professeur d’Université), vous avez raison, la voie habituelle est celle du concours comme pour les maîtres de conférences. Néanmoins, et même si les Universités suivent un processus de recrutement assez strict, on se demande par moment où commence et où fini le recrutement en interne.