Comment écrire sa thèse : le résumé et la critique
Peut-on écrire une thèse sans mourir d’ennui ou devenir à moitié fou ? Oui, et mieux encore, répond Eco : il faut vivre la thèse comme une chasse au trésor, et non un rite masochiste d’un autre âge. Quels que soient sa durée, son nombre de pages, la discipline choisie ou le sujet lui-même, tout travail de recherche, du mémoire au doctorat, est un exercice inégalé pour la formation de l’esprit, à condition de bien s’y prendre. Définition du sujet, plagiat, paraphrase, mais aussi relations diplomatiques avec son directeur de recherche : avec humour, tendresse et pragmatisme, Umberto Eco accompagne quiconque désire apprendre à chercher, réfléchir et construire une pensée personnelle, dans un ouvrage qui est peut-être avant tout un merveilleux guide pour, simplement, bien écrire.
Éditions Flammarion
Première édition en 1978
Traduit de l’italien par Laurant Cantagrel en 2016
352 pages
Note : 4.6 sur 5
Mon avis sur le livre
Rendre compréhensible, délimiter, construire, déconstruire, expérimenter, soutenir, défier... On pourrait les multiplier à l’infini ces petits mots lorsqu’on se lance en doctorat. Rassembler, organiser, comprendre, persévérer, rédiger… Ce sont autant de mots auxquels Umberto Eco donne un sens dans son petit manuel pour étudiants intitulé « Comment écrire sa thèse ».
Commentée par l’un des plus grands spécialistes des idées, l’expérience doctorale prend une allure très intéressante, concrète et surtout un peu spéciale sous la plume d’Umberto Eco. Si le titre ne paye pas de mine, il en dit long, car il retranscrit bien cette idée simple et efficace de publier un guide à la portée de tous.
« Peut-on écrire une thèse sans mourir d’ennui ou devenir à moitié fou ? » « Ai-je vraiment l’intention de devenir docteur ? » Tout est dit en deux questions !
J’aimerais ne pas conclure tout de suite en disant qu’il est à mettre entre les mains de tout étudiant à ses débuts… mais quand même. Pour moi, c’est un livre à lire lorsqu’on décide de ce lancer en thèse, et même avant. Ce livre est toujours d’actualité. Car oui, il est quelquefois utile de se raccrocher à des conseils très basiques lorsqu’on se noie dans notre travail.
« Ragaillardissant » !
Dans ce petit livre, sans prétention, Umberto Eco vous donne des pistes pour comprendre les enjeux et la pertinence de faire une thèse aujourd’hui. Il vous oriente pour vivre votre thèse au mieux, simplement, et surtout comment en faire une fierté. En outre, si vous avez déjà l’envie d’abandonner, ce livre est fait pour vous !
Avec humour et intelligence, Umberto Eco vous raconte comment assumer et surtout réussir votre thèse. Du récolement à la rédaction en passant par votre organisation, l’auteur déverrouille point par point les blocages qui vous empêchent d’avancer. C’est facile à lire, agréable et ça donne envie de faire de la recherche !
Comment rendre compréhensible notre pensée ?
C’est toute la difficulté d’une thèse. Comment rédiger notre fond de pensée en trouvant les bonnes tournures de phrase ? Marcel Proust… quand tu nous tiens ! Comment donner du corps à l’ensemble ? Quelle méthodologie choisir ? Comment gérer la relecture de notre manuscrit en n’oubliant aucune ponctuation ou notes de bas de page (que les jurés mettent « insidieusement » un point d’honneur à souligner lors de la soutenance) ?
Finalement, cet enchaînement de questions plutôt indigeste parle de lui-même…
Ce petit livre répond aux questions que l’on ne pose qu‘à son moteur de recherche… Alors, si l’on passe outre le chapitre sur les conseils plus techniques aujourd’hui désuet, il pallie au manque fréquent de pragmatisme dans les méthodologies fournies par l’Université ou bien par les directeurs de recherche. Il comble les non-dits et rassure les apprentis chercheurs dans leur quête.
Un parcours initiatique entre technique et projet de vie
Ce qu’il ressort de ce livre, c’est que la thèse est aussi une expérience globale avec ses propres codes et surtout son impact sur la vie quotidienne… Aussi, Umberto Eco ancre-t-il cet exercice dans le réel pour ne plus considérer la thèse comme un rituel suranné réservé à une élite, mais bien un exercice de travail accessible et valorisant.
Son écriture est pertinente, bien pensée et un brin malicieuse.
Du choix du sujet à la rédaction, l’auteur prend même le soin d’évoquer des aspects plus triviaux souvent écartés lorsqu’on parle d’une thèse : comment gérer les rapports avec son directeur, résister à la pression sociale, dépasser le sentiment d’abandon, trouver une bonne adéquation entre vie personnelle et recherche…
Pourtant, les recettes-miracle n’existent pas !
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Votre thèse vous appartient et c’est un exercice complexe qui mêle beaucoup de sentiments contraires : fierté, frustration, défi, doutes et dans certains cas du désespoir et de la honte… À l’issue de la soutenance, chaque docteur sait les difficultés qui ont été les siennes. La thèse est un marathon qui requiert du sang, des larmes et de la sueur !
Selon vous, comment faire de cette expérience une véritable fierté ?
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