On vous demande une présentation analytique pour postuler sur un poste de maître de conférences ? Vous n’avez aucune idée de ce dont il s’agit et vous tâtonnez dans les limbes du processus de recrutement sur le site Galaxy ? Je vous raconte comment rédiger une belle présentation analytique dans ce nouvel article.
Je suis historienne, qualifiée en section 21 du CNU, j’ai fait deux campagnes MCF avec la préparation de quatre dossiers. Bien entendu, je ne prétends pas posséder un quelconque savoir ultime concernant les dossiers de candidature. J’aimerais simplement partager avec vous quelques conseils glanés au fil de mes recherches sur ce sujet et vous faire profiter des retours que j’ai pu avoir sur la relecture de mes dossiers par des maîtres de conférences ou professeurs.
👉 Read in English : How to prepare an analytical presentation for a lecturer position in France?
👉 À lire également : Comment rédiger un CV académique percutant ?
Une présentation analytique, c’est quoi ?
Lors de mes premiers essais de candidature, je suis tombée des nues. Le terme de « présentation analytique » ne correspondait à rien selon moi, et celui de « CV académique » restait tout aussi mystérieux. Résultat, mon premier dossier a été refusé d’emblée, car jugé trop succinct (10 pages quand même) et en inadéquation avec le poste parce que trop synthétique et peu lisible.
« Montrer quel collègue on va être »
La présentation analytique, ou CV analytique, est un dossier qui fait entre 20 et 40 pages (parfois plus) pour faire la démonstration et surtout l’analyse de votre parcours. Il s’agit d’un gros document qui doit expliquer, analyser, et rendre compte de pourquoi vous êtes la personne adéquate pour le poste. Ce n’est donc pas un résumé. Vous devez recomposer, à grand renfort de lettres de motivation, de tableaux, de listes, d’illustrations, et de synthèses, tout votre parcours académique et toutes vos réalisations, et pourquoi tout ceci s’accorde parfaitement aux projets de recherche et d’enseignement de votre futur laboratoire.
Cet article est le deuxième sur le sujet. Le premier que je vous invite à lire également en cliquant ici, reste d’actualité, mais j’aimerais vous proposer un guide plus approfondi des codes implicites qui ont cours lors des saisons de recrutement.
Proposer un document ultra-lisible et navigable
– Générez un sommaire dynamique au début du document. Il servira d’introduction récapitulant le contenu de votre dossier. L’objectif est de faciliter la navigation à votre lecteur. C’est très important, voire décisif. Évitez à votre lecteur de scroller péniblement jusqu’à votre liste de publications par exemple… L’objectif est de faciliter la lecture, mais surtout de mettre l’accent sur les points intéressants : clic, liste de publis, clic, liste des enseignements, clic, domaines de recherche…
En complément, numérotez bien les pages et vérifiez en dernière lecture que les numéros se suivent bien dans les pages et dans le sommaire (d’expérience, Word est souvent d’humeur taquine avec nos documents officiels…).
– Se démarquer avec une mise en page aérée, une charte graphique et une identité visuelle est indispensable. Cela permet d’harmoniser votre dossier et de le rendre plus attractif. De mon côté, j’ai fait le choix de reprendre pour chaque dossier les couleurs utilisées par les laboratoires de recherche sur leur site internet et/ou rapports…
Faites vos petites recherches pour attirer l’œil du lecteur !
Mon dossier comportait de nombreuses pages entièrement rédigées. J’ai donc alterné au maximum les pages intercalaires qui annonçaient la suite, les pages au format CV synthétique, les blocs de synthèses détaillées, les pages de listings bibliographiques, et les tableaux récapitulatifs afin de varier les mises en pages tout en gardant une cohérence dans l’enchaînement des informations.
Proposez à certains moments des encadrés, des illustrations ou des tableaux pour segmenter vos pages et résumer vos points forts. L’examinateur n’a pas à chercher l’information importante. Tout doit être accessible facilement et présenté sous le meilleur jour !
Voici ce que contenait ma présentation cette année :
Mauvaise nouvelle, il n’y a pas de plan universel !
Vous devez composer le vôtre en fonction de la description du poste et de vos qualités. Néanmoins, l’enchaînement des parties peut être calqué sur le choix et l’emplacement des titres de la fiche de poste. Regardez si l’enseignement est placé avant la recherche par exemple, ou si votre liste de réalisations doit être fournie à part… Lisez bien cette fiche de poste, car elle recèle de détails parlants sur les priorités du laboratoire ou de l’université. Vous y trouverez également de nombreux mots-clés qui vous aideront à composer votre profil en toute honnêteté évidemment.
Voici le mien pour cette campagne de recrutement 2023 :
1- une page de présentation succincte et surtout cliquable pour naviguer dans le dossier
Sur cette première page, l’examinateur trouve un récapitulatif de votre parcours, de vos informations personnelles et de l’organisation de votre dossier (sommaire). C’est très succinct, mais ça facilite vraiment la suite.
Vous pouvez y ajouter une petite introduction expliquant le contenu du dossier. J’ai choisi de ne pas le faire pour ne pas surcharger cette page. Par contre, j’ai ajouté une page intercalaire avec une petite description introductive de ce qui suit avant chaque section de dossier (voir plus loin pour l’illustration).
En revanche, j’ai délibérément choisi de mettre l’accent sur les mots-clés. Ils ont l’avantage de montrer rapidement en quoi votre candidature est adaptée à ce poste.
Votre section CNU, le numéro du poste, votre numéro de candidat, celui de votre qualification ainsi que vos informations personnelles doivent être visibles au premier coup d’œil.
Tout doit être présenté sur un plateau d’argent. Cela peut faire une différence considérable avec un autre dossier moins lisible.
Source : document tiré du guide du voyage galaxique (2e édition, 2021), on le remercie vivement !!!
– Résumé de mes domaines de spécialités en recherche et en enseignement + résumé de thèse
Cette page est une petite entrée en matière et sonne comme une introduction au reste du document. Elle rappelle ce qui est important pour moi, les spécialités sur lesquelles je travaille et celles que j’enseigne.
– deux pages format CV sur ma formation, mon parcours professionnel, mes distinctions, bourses…
Sur cette page, il ne faut pas lésiner sur les détails. Soyez honnête et prenez le temps de cataloguer tout ce qui vous semble important pour définir votre parcours. Là encore, rendez-vous sur le premier article que j’ai publié à ce sujet pour en savoir plus.
– une synthèse décrivant mon expérience d’enseignement (3 paragraphes, environ 300 mots)
Ici, je profite de cette page de synthèse pour faire l’analyse de mes méthodes de pédagogie et des thèmes que j’ai pu aborder en cours. C’est aussi l’occasion de rappeler que je suis passionnée par mon métier et pourquoi je suis motivée !
– listes numérotées et détaillées des enseignements (4 pages)
Dans cette section, j’ai classé mes cours par grandes thématiques. L’important pour moi était de montrer que je suis sur la même longueur d’onde que les plaquettes d’enseignements proposées par l’université. J’ai indiqué le nombre d’heures HETD, le niveau, le type de cours (CM ou TD) et ensuite un détaillé du programme et des objectifs.
– une synthèse des cours que j’ai donné sous forme de tableau avec le total des heures
Pour les jurés qui auraient eu la flemme de lire le descriptif complet, j’ai ajouté une synthèse sous forme de tableau plus accessible et rapide à lire. On y retrouve en un seul coup d’œil les années d’enseignement, les établissements, les niveaux, les matières enseignées, le type d’enseignement, les horaires par semestre, le nombre de groupes et les thématiques abordées.
– une page sur mes responsabilités administratives, collectives et associatives
Cette catégorie est plus personnelle, mais en dit long sur la manière dont vous vous impliquez au niveau de l’université ou du laboratoire. Par ailleurs, une information qui vous semble anecdotique peut avoir une signification plus importante pour le jury. N’omettez aucun détail parlant.
– une synthèse détaillée de mes domaines et projets de recherche passés et futurs (500 mots)
Si l’ensemble du document s’intéresse à ce qui a été fait, vous devez aussi décrire comment vous allez intégrer les programmes de recherche existants, ce que vous faites en ce moment et ce que vous aimeriez bien faire. C’est l’occasion de donner envie de travailler avec vous sur des sujets intéressants que vous avez en commun. Certains candidats ajoutent également un projet d’intégration au laboratoire à leur dossier. Il s’agit d’une sorte de lettre de motivation avec des idées de projets concrets à mettre en place avec les futures équipes. Le caractère obligatoire de ce texte reste assez discuté en fonction des sections. Le mieux est de demander l’avis de votre réseau de professionnels académiques.
– une page d’illustrations pour éclairer le texte (et proposer une pause visuelle)
– une synthèse détaillée de mes travaux de thèse (400 mots)
– liste numérotée et normée des publications et communications (4 pages)
Dans cette section, j’ai classé mes communications et mes publications par types d’événements : journée d’études, colloque, colloque international, journée sans actes, rencontres étudiantes… J’ai ensuite numéroté chaque réalisation et proposé un petit résumé de la thématique de chacune.
– liste des documents présentés lors de l’audition et autres documents annexes
Le total s’élevait à 27 pages. Ça peut paraître long, mais c’est totalement normal, et même plutôt court. Certains dossiers peuvent atteindre jusqu’à 100 pages… L’enjeu est donc de conserver l’attention du lecteur en proposant des récapitulatifs réguliers et des pages intercalaires tout au long du dossier.
Comment avoir une présentation adaptée au poste ?
Les articles publiés à ce sujet insistent continuellement sur l’importance d’être en adéquation avec le poste, mais comment s’y prendre ?
– Lisez et relisez bien la fiche de poste afin d’évaluer vos chances et pour sélectionner les informations importantes à faire apparaître dans votre dossier. Mieux les attentes seront ciblées, plus votre dossier s’imposera comme une évidence.
Faîte preuve d’honnêteté intellectuelle !
– Mettez à profit votre réseau de collègues, d’amis ou de connaissances dans le monde académique pour leur poser des questions et faire relire vos dossiers. Une aura de mystère accompagne toujours les recrutements, n’hésitez pas à dépoussiérer tout ça en posant des questions franches et directes. Les avis peuvent diverger, mais vous pourrez faire du jour sur certaines questions implicites concernant notamment les informations à mettre ou pas en fonction des sections CNU. Les membres les plus anciens de l’Université ont souvent plein d’informations « en dormances » à partager ! Osez demander !
Faire bonne impression, donnez envie de vous rencontrer !
L’importance est de ne PAS proposer un CV générique. C’est à vous de trouver le bon équilibre entre informations utiles, essentielles ou non-nécessaires. L’examinateur doit se projeter sur vous et envisager dans une future collaboration à la lecture de votre dossier. Mettez-vous en valeur en proposant des pistes de réflexions, des ébauches de projets de recherche ou de partenariats…
Pour aller plus loin :
Enfin, pour compléter au mieux cet article, j’aimerais partager avec vous cette petite pépite débusquée sur le blog Hypothèse : Le guide du voyage galaxique (2e édition, 2021). Ce document, d’une petite dizaine de pages, rédigé par un membre d’un comité de sélection (COS) donne de nombreux conseils pour élaborer un CV analytique, efficace et bien construit. C’est une mine d’or à mettre entre toutes les mains ! Et pour tous les accablés du recrutement dont je fais partie, voici une petite mise en perspective extraite de ce guide qui :
[…] cherche à mettre en lumière des choses qui restent dans le brouillard, mais ça ne veut pas dire qu’il élimine tout ce qui se passe « dans l’ombre », dans les coulisses : les rumeurs, les recommandations par téléphone, les petits arrangements, les retours d’ascenseur, etc. C’est pour ça que je tiens à rappeler à tou.te.s les candidat.e.s qu’il faut essayer le plus possible de vous préserver, de ne pas culpabiliser et de ne pas vous accabler. Le système est injuste, il n’y a pas suffisamment de postes et il y a beaucoup de gens sans poste qui font pourtant un excellent travail.
J’ajouterai à cela l’indispensable carnet Hypotheses en lien avec ce sujet et celui tout aussi important du texte d’audition, et qui donne aussi plein de bons conseils et surtout de nombreux exemples présentés par d’autres candidats.
✏️ N’hésitez pas à partager votre expérience et vos conseils dans les commentaires. Je serai ravie de découvrir vos impressions pour enrichir cette exploration des qualifications.
✨ Envie de poursuivre la lecture ? Je vous invite à lire cet article pour approfondir ce sujet : Doctorat ou pas doctorat : ce qu’il faut savoir de l’expérience
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2 Comments
Astrid
Bonjour Clémence,
Merci beaucoup pour cette publication. C’est rare de trouver des informations précises à ce sujet !
Si je comprends bien, vous parlez ici de CV analytique pour candidater à un poste de MCF. Est-ce que c’est le même CV analytique qu’on prépare pour la qualification au CNU ou y atil des attendus différents ?
Merci !
Astrid
Clémence
Bonjour Astrid, oui, il s’agit de la même chose pour les qualifications. Vous pouvez en plus ajouter des annexes avec vos résultats, des extraits d’articles, des graphiques… Bonne chance !