Les qualifications MCF sont supprimées ? Non, ce n’est pas pour tout de suite. Alors, quels sont les critères d’évaluation ? Ma thèse aura-t-elle l’attention qu’elle mérite de la part des rapporteurs ? Le nombre de publications est-il un facteur déterminant ? Et que dire de mon expérience d’enseignement ? Chaque année, les procédures de qualification des enseignants-chercheurs suscitent leur lot d’incertitudes et d’angoisse. Comment le CNU évalue-t-il mon dossier de candidature ? Découvrez tous mes conseils pour préparer votre dossier et sortir du lot !
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Quel est le rôle du Conseil National des Universités ?
« Le recrutement des enseignants-chercheurs se déroule principalement en deux phases : la qualification établissant un label de compétences scientifiques pour exercer les fonctions d’enseignant-chercheur et le recrutement qui permet l’accès à ces mêmes fonctions dans les établissements d’enseignement supérieur ».
qualification et recrutement des enseignants-chercheurs, n°7
Un rôle d’expert dans le recrutement des enseignants-chercheurs
Grâce aux qualifications, le CNU supervise la présélection des futurs enseignants-chercheurs en France. Chaque année, un comité composé de maîtres de conférences et de professeurs, tous membres du CNU, évalue plusieurs milliers de dossiers. Pour garantir l’impartialité de l’évaluation, deux rapporteurs, chargés d’émettre un avis objectif sur chaque dossier, sont désignés par candidat. Leurs commentaires ou réserves sont ensuite transmis au comité de sélection du CNU, qui détermine l’avis final lors de délibérations.
Le rôle du CNU est donc de certifier « l’excellence » du dossier qualifié, ou du moins sa conformité avec leur vision du parfait universitaire. Il réalise ainsi une première validation des candidats éligibles au poste de maître de conférences, en s’assurant de leur adéquation avec les critères académiques français et les exigences spécifiques de chaque domaine. Grosso modo, ce premier « tri » facilite la tâche du comité universitaire dans la sélection de leur futur collègue.
Suppression de la qualification pour devenir maître de conférences ?
Depuis décembre 2020, l’autorité du CNU a été réduite dans ce domaine. Avec le passage de la loi pour la programmation de la recherche (LPR) en janvier 2021, les qualifications aux fonctions de Professeur des universités ont été supprimées pour les maîtres de conférences titulaires candidats. Désormais, l’habilitation à diriger des recherches ou HDR sera la seule validation demandée pour les maîtres de conférences qui souhaitent devenir professeur.
Pour le moment, la qualification aux fonctions de maîtres de conférences reste appliquée. Cependant, le recrutement des enseignants-chercheurs évolue et la question de la suppression des qualifications est actuellement en cours de discussion.
Affaire à suivre donc en ce qui concerne le rôle du CNU…
« Par ailleurs, pour recruter un maître de conférences, une expérimentation est menée jusqu’en septembre 2024 pour déroger à la qualification. […] Le dispositif sera encadré par un décret en Conseil d’État et une concertation sur le sujet est engagée. Evaluation au plus tard le 1er janvier 2025 »
Le recrutement hors Conseil national des universités (CNU)
Quels sont les critères d’évaluation pour ma thèse ?
Votre thèse est le point nodal de votre dossier, la pièce maîtresse de votre parcours. Je ne suis pas certaine que les rapporteurs lisent l’intégralité de votre texte, mais ils examineront sans aucun doute votre ligne de conduite, la structure du manuscrit et vos conclusions. Ils s’intéresseront également à votre problématique de recherche, à sa résolution et à ses lacunes. Et même si le volume final de votre manuscrit n’est pas un indicateur de qualité, le produit final doit être le reflet d’un long investissement méthodique.
Le volume de ma thèse est-il un critère d’évaluation ?
Certaines thèses présentées s’apparentent tant par leur volume que par leur qualité à un mémoire de Master Recherche plutôt qu’à une recherche doctorale. Si des travaux succincts d’une qualité exceptionnelle peuvent être accueillis favorablement, on attend de la majorité des recherches doctorales que leur volume reflète le travail de trois années.
Rapport sur la qualification aux fonctions de Maître de Conférences, p. 5
Une thèse réalisée en moins de trois ans ou d’un volume inférieur à la moyenne peut donc jouer en votre défaveur. C’est la première et principale réalisation de votre dossier. Les critères d’évaluation seront rigoureux, et dans un premier temps, les rapporteurs feront abstraction du rapport de soutenance pour juger objectivement votre travail de recherche. À l’issue de l’évaluation, si votre thèse ne satisfait pas aux critères du CNU, il faudra miser sur la qualité de vos réalisations secondaires. Cela sera-t-il suffisant ? Nous allons voir !
Comment éviter d’avoir une thèse « sèche » ?
Une thèse dite « sèche » est un dossier sans aucune production complémentaire. Ce n’est pas forcément un drame si votre thèse est excellente, mais cela ne joue pas à votre avantage. L’absence de production secondaire complique le travail d’évaluation des rapporteurs. Ces derniers, ne disposant pas d’autres exemples de votre travail de recherche, ne peuvent pas valider son intégration aux préoccupations récentes de votre spécialité. C’est un réel problème !
Les travaux complémentaires sont-ils obligatoires pour être qualifié ?
« Il est donc important que les auteurs ne restent pas dans leur domaine et qu’ils fassent l’effort de traiter des sujets de notre champ. Des communications dans les grands colloques disciplinaires en gestion sont également un signal pour exprimer sa volonté d’appartenir à la communauté des enseignants-chercheurs. »
Rapport sur la qualification aux fonctions de Maître de Conférences, p. 5
La liste de vos réalisations sert de point de repère. Elle permet de juger votre rigueur scientifique, votre contribution à l’avancée de la recherche et, en d’autres termes, d’illustrer votre niveau d’implication. Votre légitimité dépend ainsi largement de votre participation à des colloques de renommée nationale ou internationale. C’est un enjeu vital, car c’est l’une des principales tâches de l’enseignant-chercheur : faire rayonner l’université et la recherche.
Comment optimiser la visibilité de vos travaux de recherche ?
Les communications apportent une réelle valeur ajoutée à votre dossier. Il est donc important de répondre aux appels à contribution afin de rencontrer vos pairs et d’être publié dans des revues de référence. Tous les deux ou trois ans se tient forcément LE colloque « The place to be » de votre discipline. Vous devez absolument y participer en tant que communicant, ou, à défaut, en tant que spectateur. Il est nécessaire de vous montrer, seul ou dans le cadre de projets collectifs ; vous n’avez pas le choix.
Il est donc important d’identifier les colloques à forte notoriété dans la discipline de sa recherche. Les communications dans les colloques internationaux constituent un plus. Là encore ce sont les colloques ayant la plus forte notoriété qu’il s’agit de cibler. Multiplier les participations à de petits colloques plus spécialisés, ou des journées de recherche ne permet pas de pallier l’absence totale de communication de premier plan.
Rapport sur la qualification aux fonctions de Maître de Conférences, p. 6.
Combien de publications faut-il avoir en plus de la thèse ?
Malheureusement, il n’y a pas de réponse standard, car il n’existe pas de quantité minimum ou de standard défini. Néanmoins, le CNU considère qu’avoir une publication dans une revue reconnue est un avantage indiscutable.
Une thèse de qualité, accompagnée d’une ou plusieurs communications dans des colloques sélectifs, est généralement mieux évaluée. Une thèse considérée comme moyenne doit être complétée par des travaux significatifs. Pour autant, le nombre de lacunes peut-il être compensé par le nombre de publications ? Il faudra, dans ce cas, miser sur vos expériences d’enseignement et d’encadrement…
Quels sont les critères concernant l’enseignement ?
Tous les candidats doivent avoir une expérience d’enseignement en France ou à l’étranger, même sous forme de vacations. Les critères du CNU évalueront ensuite leur variété et le niveau :
[…] les candidats devront pouvoir enseigner des matières qui peuvent ne pas correspondre nécessairement au sujet de leur thèse. Une expérience pédagogique diversifiée est donc importante à ce titre. Enfin, le CNU apprécie que les candidats aient une expérience de l’enseignement à différents niveaux : en licence et master, parfois, en fonction de l’ancienneté, en master 2. Il est donc recommandé aux candidats de donner aussi des indications précises aussi sur volume horaire correspondant à leur expérience pédagogique et leur nature (CM, TD, formation initiale, formation en apprentissage, Licence, Maîtrise, etc.).
Rapport sur la qualification aux fonctions de Maître de Conférences, p. 8
Votre expérience doit être significative et atteindre un certain nombre d’heures. Ainsi, une activité pédagogique dense et originale peut contrebalancer un dossier de recherche de qualité moyenne. L’enseignement est donc l’un des principaux critères d’évaluation, tout comme vos activités de recherche (thèse + publications) et vos responsabilités administratives.
A quoi servent les responsabilités administratives ?
Rarement rémunérées et chronophages, les tâches administratives sont néanmoins un indicateur de votre niveau d’implication dans le fonctionnement de votre université et/ou laboratoire de recherche. Organiser des journées d’études, des congrès ou des colloques, participer aux réunions du laboratoire (prise de notes, rédaction de comptes-rendus, organisation), contribuer aux activités de révision, être représentant administratif des doctorants, participer à des comités de sélection…
Toutes ces tâches démontrent votre engagement dans la vie académique et scientifique. Elles sont considérées par le CNU comme un signe de motivation et de sérieux. Elles indiquent le collègues que vous serez.
Que dois-je faire si mon dossier est refusé ?
Un refus n’est pas définitif. Néanmoins, le CNU recommande au candidat de ne pas réessayer l’année suivante avec le même dossier, car les rapporteurs évaluent les évolutions du candidat depuis la dernière soumission. Il est important de comprendre les raisons de son échec et de travailler sur les aspects à améliorer avant de soumettre à nouveau sa candidature..
Si un candidat essuie deux refus successifs d’une section du CNU, il peut saisir le groupe compétent du CNU. Cette formation se prononce dans les mêmes conditions que la section compétente, mais elle procède cette fois à l’audition des candidats.
Conclusion :
Les critères d’évaluation du CNU révèlent une dynamique nuancée. Les activités de recherche, d’enseignement et d’encadrement sont des piliers incontestables, mais l’existence de compensations entre les critères ajoute une flexibilité au processus. Ainsi, des lacunes dans un domaine peuvent être équilibrées par des engagements forts ailleurs. Évitant tout système de points, la sélection privilégie une approche multicritères se traduisant à la fin par un binaire « oui » ou « non ». Les discussions entre membres soulignent tout de même une évaluation collective, mettant en avant les contributions individuelles dans l’avancée de la recherche et reconnaissant la qualité plutôt que la quantité dans la construction d’un profil académique et professionnel.
✏️ N’hésitez pas à partager vos questions dans les commentaires. Je serai ravie de découvrir d’autres pistes pour enrichir cette exploration des qualifications.
✨ Envie de poursuivre la lecture ? Je vous invite à lire cet article pour approfondir ce sujet : F.A.Q sur les qualifications des maîtres de conférences : vos questions les plus courantes
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1 Comments
Jessica
Bonjour, j’ai trouvé cet article très utile. Merci beaucoup. Jessica