Comment éviter les portes fermées ? On le sait, il est de plus en plus difficile d’assumer un cursus en Histoire de l’art et c’est bien dommage. Aujourd’hui, je vous propose un article qui me tient vraiment à cœur : « À quoi ça sert Histoire de l’art aujourd’hui ? »
La très fameuse ! Car oui, on l’entend trop souvent cette question et on ne sait pas toujours comment la prendre. Cet article est une occasion de répondre à cette question un peu sournoise.
Allez, tordons ensemble le cou aux pensées négatives, juste le temps d’un article.
Est-ce que l’histoire de l’art peut conduire à métier ?
En voilà une question qu’elle est bonne. Vous en voulez une autre : l’histoire de l’art est-elle une discipline ancrée dans le réel ? Pas facile de répondre à ces questions lorsqu’on est étudiant(e). On ne trouve pas toujours les bons mots pour justifier nos envies. Pourtant, de la licence au doctorat, ces questions reviennent comme un credo incessant : « et tu vas faire quoi après ? », « et à quoi ça sert »…
Pensez métier, pensez stratégique !
👉 À lire sur le sujet : Faire un vrai métier ? 5 bonnes raisons d’être stratégique
Si la peur n’évite pas le danger, à un moment ou un autre, il est indispensable de doubler, voire de professionnaliser son cursus. Dès son inscription, il est impératif de penser métier : demander des stages, faire du bénévolat en musée ou bibliothèque, trouver un job d’été, proposez des visites guidées, donner des cours particuliers, tout est bon à prendre pour étoffer son C.V. et multiplier ces compétences professionnelles.
En acceptant des missions diversifiées, tu développes une réelle polyvalence en sortie de fac.
L’histoire de l’art n’est pas la voie royale vers le chômage : les diplômés en sciences humaines s’en sortent très bien ; même si la stabilité peut être longue à trouver
Charlotte Fuchs, Chef de projet (campus innovation val de loire)
Trouver sa place et se constituer un réseau
Quand on se lance en Histoire de l’art, il ne faut rien exclure et ne pas se cloisonner au risque de manquer des opportunités. C’est l’essentiel : être stratégique et savoir s’entourer de contacts pertinents. Le “réseautage” est très important. Dans ce milieu, pas mal de choses se font par réseaux. Les recrutements externes sont rares.
Entrez par les petites portes : faites-vous connaître en stage !

Pour moi, le stage est un moyen facile, accessible et bien cadré de trouver un job. Ils permettent de passer de la théorie à la pratique sans trop d’effort.
C’est une petite porte ouverte sur un monde un peu exclusif... Il permet de se faire connaître et d’avoir un pied dans une entreprise. Et des fois, miracle, on pense même à toi pour un poste en CDD… Faites des pieds et des mains pour vos conventions : manœuvrez !
En multipliant les stages, tu es déjà dans le monde pro’ et tu « farmes » ta réputation auprès de l’Université. N’ayez pas peur de prendre rendez-vous avec votre directeur de département, il ou elle saura vous guider ! À l’occasion, une institution culturelle, privée ou public, peut aussi proposer un service civique... sautez sur toutes les occasions !
Oui, faire de l’histoire peut être un choix réfléchi vers un métier réfléchi !
Amélie Hajjaoui, assistante de commissaire-priseur (Maison de vente Millon)
Tu fais Histoire de l’art 😮, c’est voulu ?
Les études en Histoire de l’art sont très souvent tournées en dérision… On doute de nos compétences et de notre potentiel et je ne saurais pas dire exactement pourquoi. Les Sciences Humaines sont globalement considérées comme abstraites, à la marge et sans difficultés particulières.
Abstraites, à la marge et sans difficultés particulières, vraiment ?
Pourtant, je ne doute en aucun cas de notre capacité à contempler et surtout à comprendre le monde autrement ! C’est une autre manière d’aborder la politique, les religions, la sociologie et l’économie, la propagande et le monde qui nous entoure plus globalement …
Quand on pose la question aux anciens, c’est toujours oui ! Oui, faire de l’Histoire de l’art a toujours été voulu ! Et pour un bon nombre d’entre nous, la volonté est plus forte que les doutes. C’est compliqué, parfois éprouvant de continuer dans cette filière encore mal soutenue… même par les profs !
Pour moi, des études en histoire de l’art ce sont les meilleures expériences de ma scolarité
Mélanie Chagneau, Cheffe d’équipe et manager (Fondation Louis Vuitton)
Pour beaucoup faire de l’histoire de l’art est une évidence. C’est même parfois une décision réfléchie en fonction d’un parcours professionnel pensé sur le long terme.
Pour chaque portrait de métier que j’ai publié jusqu’ici, l’important est de rester fidèle à soi-même, de suivre ce qui nous transporte et de se faire confiance de A à Z. C’est la clef. L’histoire de l’art est riche, faite de rencontres et de belles découvertes. Elle ouvre de nombreuses possibilités et propose une certaine ouverture sur le monde que d’autres filières n’ont pas.
À quoi ça sert de faire Histoire de l’art ?
Histoire de l’art, est une base intéressante concernant la rédaction, l’analyse et l’ouverture d’esprit. Elle donne l’occasion de découvrir des choses merveilleuses et très variées. On développe son esprit d’analyse, sa mémoire visuelle, sa culture générale. Et contrairement aux idées reçues, ce diplôme n’est pas forcément dévalué par vos futurs employeurs, au contraire.
Histoire de l’art, c’est une formation solide tant sur l’apport de connaissances en art que sur des méthodologies applicables dans d’autres domaines.
Julia Baudry, Agent Greffe au Ministère de l’intérieur
Développer un profil atypique

L’histoire de l’art reste aujourd’hui une expérience unique et un apprentissage précieux pour comprendre certains des aspects humains ou matériels de notre monde. Cette filière nous enseigne le dépassement de soi et l’utilité de se projeter dans le temps et l’espace tant sur le plan professionnel que personnel…
Culturellement, on ne fait pas mieux. L’histoire de l’art englobe des domaines allant des symboles à l’anthropologie en passant par la sociologie, la politique, l’histoire des religions ou celle des images… des périodes antiques à nos jours…
👉 À lire sur le sujet : Comment se sentir légitime dès son inscription en Licence ?
Les études en HDA c’est passionnant, enrichissant et culturellement incroyable ; nous apprenons sans cesse sans
Amélie Hajjaoui, assistante de commissaire-priseur (Maison de vente Millon)
jamais tout savoir c’est ce qui rend ces études uniques.
Une approche globale du monde qui nous entoure
C’est une vision globale du monde symbolique et réel qui nous entoure. On y développe une capacité à regarder, observer, critiquer, analyser, rechercher, rédiger, autant de compétences qui intéressent même des entreprises privées. L’histoire de l’art contribue à changer notre regard sur le monde.
👉 Pour approfondir : écouter le podcast « À quoi sert l’histoire de l’art » par Roland Recht, professeur au Collège de France, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.
Et puis n’en déplaise à tous les dédaigneux, mais… lorsqu’on vise une carrière académique, dans le marché de l’art ou dans une institution culturelle, c’est bien souvent l’un des seuls biais ! Na !
Suivez vos passions ! Il faut que celles-ci vous habitent, car on peut vite être découragé.
Victoire Varenne, Iconographe (freelance)
On fais quoi après de l’Histoire de l’art ?
L’histoire de l’art est aussi l’une des portes pour passer le plus de concours possible : grandes écoles, prépa, concours… Attention toutefois !
Il faut garder à l’esprit que les concours de la fonction publique territoriale ne conduisent pas directement à un poste. Les postes clefs ne sont pas très accessibles ; les places sont chères et les recrutements extérieurs sont rares. Aussi, je conseillerai d’anticiper au maximum sur le marché pour trouver un premier métier levier !
N’attendez pas les coups de chance, ça n’existe pas. Je ne sais que trop bien à quel point !

C’est à toi de ne fermer aucune porte. Il y a beaucoup de métiers et de facettes à ces études que beaucoup ne voient que comme la filière bateau que l’on prend quand on ne sait pas quoi faire de sa vie. C’est faux !
Avec de l’Histoire de l’art, on peut s’orienter dans différents corps de métiers : être prof, être chercheurs, être dans le marché de l’art, être expert, être dans la fonction publique avec le domaine culturelle, intégrer une mairie être adjoint du patrimoine, être conservateur, travailler dans le secteur du tourisme, de la médiation culturelle, les services publics, la communication, l’iconographie, l’illustration, la rédaction, l’auto-entreprenariat, l’administration…
👉 À lire sur le sujet : Vivre d’une thèse en histoire de l’art : rêves vs réalité
Restez ouverts aux opportunités, ne vous enfermez-pas. Le monde du travail est en pleine mutation et je crois profondément qu’il y a un avenir pour les profils d’historiens de l’art même en dehors du monde académique, de la médiation ou de la conservation.
Charlotte Fuchs, Chef de projet (campus innovation val de loire)
Sortir du lot à tout prix !
Comme je le disais en introduction, il est de plus en plus risqué de se lancer en Histoire de l’art ! Il faut réfléchir beaucoup et vite aux conséquences de ses actes. Il faut calculer toutes les possibilités et ensuite foncer, car la concurrence est nombreuse et avide. Donc oui, tout est une question de stratégie, mais pas seulement.
Passionné, autonome, polyvalent, méthodique et rigoureux !
Il n’y a pas de manuel du bon historien de l’art. Néanmoins, si tu es débrouillard, curieux et que tu as déjà quelques expériences en lien avec la culture ou l’art (stages, jobs d’étudiants, bénévolat, services civiques, CDD), c’est un plus.
Arrêtons de dire que nous allons tous finir caissier ou caissières et que ces études ne peuvent pas nous inscrire dans un avenir professionnel stable.
Amélie Hajjaoui, assistante de commissaire-priseur (Maison de vente Millon)
Ce qu’on apprend aussi en Histoire de l’art :
– Savoir anticiper et s’adapter aux changements de situation
– Être agile et avoir le goût de l’aventure
– Créatif et curieux
– Être multitâche et touche-à-tout
– Avoir une bonne mémoire visuelle
– Être patient et stratégique
– Développer son esprit critique et d’analyse
– Savoir se diversifier et rebondir
– Être organisé, autonome et volontaire
– Gérer la pression des concours…
– Prendre des décisions rapidement
– Être exigeant envers soi-même
Bonne chance !
Cet article n’aurait pas été possible sans les merveilleux portraits de métier : merci !
👉 Tous les fabuleux aspects de la filière Histoire de l’art sont disponibles dans la rubrique des Portraits de métiers.
Ces portraits sont faits pour te donner envie et te proposer des idées de métiers accessibles. Ils sont aussi l’occasion de parler compétences et savoir-êtres professionnels, un sujet peu abordé dans les amphis… La série des portraits a été spécialement imaginée pour élargir tes horizons sur les opportunités d’emploi et les moyens concrets qu’il faut mettre en œuvre pour les saisir.
🖼️ Légende :
Jeune orpheline au cimetière, Eugène Delacroix, 1824, huile sur toile, 65,5 × 54,3 cm, études pour une scène des massacres de Scio (Romantisme), musée du Louvre, Paris.
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